détail de "La Guerre" (1896) par Arnold Böcklin (1827-1901), tableau exposé au Staatliche Kunstsammlungen de Dresde.
(source: C.G.F.A.)
Nous avons entaillé, mais non point tué le serpent. / Il fermera ses plaies et redeviendra lui-même tandis que notre misérable haine / reste à la merci de sa dent.
Lucides paroles de Macbeth... Haine qui engendre la haine... Démesure et dérision d'un monde bâti sur la violence, la volonté de puissance, l'intolérance... Le monde dans lequel nous vivons...
Triste monde, triste histoire... que décrira parfaitement ce même Macbeth à la fin de la pièce: "Life's but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage /
And then is heard no more: it is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing." (La vie n'est qu'un fantôme errant, un pauvre comédien qui se pavane et s'agite durant
son heure sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus; c'est une histoire dite par un idiot, pleine de fracas et de furie, et qui ne signifie rien.)
Ce fracas et cette furie, cette haine inextinguible qui s'accroît sans cesse en retour c'est bien le spectacle de notre monde. Et on pourrait ajouter: quelle que soit l'époque à laquelle on le considère.
Certes les temps dans lesquels je vis ma vie de "pauvre comédien" n'ont rien de réjouissants mais l'âge d'or n'a-t-il jamais été autre chose qu'une fiction littéraire ?
Cependant, l'amplification qu'ont apporté le développement des techniques et celui des médias font ressentir comme un emballement du moteur de cette détestation réciproque
des différentes communautés. Et avec le support de barbares religions et de criminelles idéologies il semble qu'une énergie inépuisable puisse alimenter longtemps le système.
Le texte se nourrit des images incessantes que ce conflit permanent et généralisé apporte chaque jour jusqu'à nous. Images d'abord limitées au vecteur médiatique, puis se matérialisant
dans les rues de nos villes... Images obsédantes dont j'ai voulu tenter, sans grande illusion, de me soulager par ces lignes.
Note :"Al cap de sèt cent ans, verdeja lo laurel", (Au bout de sept cents ans reverdit le laurier) prédiction non réalisée et peut-être apocryphe, lancée du haut
d'un bûcher par un des derniers cathares victime de l'inquisition catholique (fin XIII ème ou début XIV ème s.): l'intolérance ne date pas d'hier...
Et même si, de nos jours, les "inquisiteurs" ont changé d'origine et si le croissant a remplacé la croix, c'est bien la même intolérance qui sous un autre masque ronge le monde...
Mon Dieu ! délivrez-nous des religions !....
"La piété, ce n'est pas se montrer à tout instant la tête voilée devant une pierre, ce n'est pas s'approcher de tous les autels, ce n'est pas se prosterner sur le sol la paume ouverte en face des statues
divines, ce n'est pas arroser les autels du sang des animaux, ni ajouter les prières aux prières; mais c'est bien plutôt regarder toutes choses de ce monde avec sérénité."
(Lucrèce, De Natura Rerum, V, v.1198-1203)
Presque vingt et un siècles après que ce texte ait été pensé, dans un monde partagé entre inculture, communautarisme, intolérance, etc., on prend plus aisément conscience du sens de l'évolution
de l'humanité...
D.E.
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