Autour de ...
Haute époque

Tableau

"Adam et Ève" (vers 1550) par le Tintoret (1518-1594), tableau exposé à la Gallerie dell'Accademia, Venise.
 
(source: Web Gallery of Art)

Épigraphe

Cet extrait de l'épopée de Gilgamesh ("le grand homme qui ne voulait pas mourir") est une adaptation personnelle de différentes versions. Il fait partie de l'épisode dans lequel Gilgamesh et Enkidu font le voyage ves la Forêt des Cèdres pour combattre le géant Humbaba.
Cette première épopée de l'humanité tracée en caractères cunéiformes sur tablettes d'argile il y a au moins trente-cinq siècles atteint d'emblée l'universel en exprimant toute la fragilité de la condition humaine.

Autour du texte

Haute époque, premiers matins d'un monde qui s'organise, premiers rêves aussi... "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?" pour parler comme Gauguin. Pourquoi ? Et si... ? Des questions. Aucune réponse. Alors, une hypothèse, une simple hypothèse que reprennent de nos jours sans sourciller les plus savants physiciens : "Et si le monde n'existait pas ?" Si tout cela, tout ce concret apparent n'était qu'un leurre ? Leur conclusion est terrible : nous n'y verrions que du feu !
 
Pindare, peut-être le premier, avait écrit "L'homme est le rêve d'une ombre." (Pythiques, VIII) et Shakespeare avait renchéri "Nous sommes de l'étoffe dont sont tissés les rêves, et notre courte vie s'achève par un sommeil." (La Tempête, IV, I).

D.E.

Texte complémentaire

Temps primordiaux et rêve éveillé souvent se mêlent...

Genèse ambiguë

Tout est prodige et tout inattendu: le confus s'agite:
la Reine aux désirs changeants tient sa cour.
Nul être de raison jamais ne s'y aventure.

Victor SEGALEN ( Stèle "Départ " )

Le signe n'était plus sur l'Arche, mais en vous. Vous qui voudriez tant jeter un dernier regard sur Lui. Oh ! Ne vous retournez pas ! L'eau vive qui ruisselle vous emporterait aux nefs de vos yeux.
 
Au terme indécis de l'ombre et de l'obscurité un grain de sable épouvanté par tant d'éternelle immobilité éclate d'un rire grinçant comme pour se rassurer.
 
Votre arrêt pacifie l'attente d'un inconnu désiré.
 
L'écho extravagant de ce rire aberrant vagabonde, loin dans le temps et longtemps dans l'espace.
 
Je me souviens de votre entrée solennelle et funèbre par cette Porte d'Occident, sous une lune qui blanchissait un silence harnaché de grillons.
 
De place en place, ce bruit premier frôle les pensées virtuelles dont les songes sont gros au milieu du silence liquide.
 
Votre tunique saignait sa colère, sur le calcaire des murailles.
 
Et le bruit se vrille, se tord, ondoie, s'épand, rebondit contre les incertaines limites de l'univers, virevolte sans trêve et anéantit l'éternelle tranquillité par son élan écervelé.
 
Personnage pris trop vite dans mes filets, vous m'imposez un oubli glacé.
Si les masques s'échangeaient, je saurais à nouveau la marche des saisons et d'une plume sûre je vous guiderais là où nous devons aller comme un vaisseau de ligne exact à ses multiples escales.
 
Il semble alors qu'apparaît, au centre du tourbillon, l'aspect d'un quelque chose : point, tache, ou même dôme.
 
Vous cherchez la voie.
Le lieu et le temps vous sont offerts; cherchez maintenant la manière.
 
Et l'œuf blanc de la vie se dresse, se délivre, par l'effort naisseur du chaos prometteur.
 
Comme une chienne, comme une louve, sentez, flairez l'entrée du Labyrinthe.
 
Que ta naissance soit bénie, déesse primordiale. Dans ton corps serpentaire et marin se forge une âme qui a l'amour en puissance, et avec le pouvoir de maîtriser le rien boiteux qui t'a produite, le pouvoir de créer et de désespérer.
 
Voyez !
Il fait merveille le coq aux yeux mercure, lui qui descend du frêne sacré en emportant votre ombre vers cette pierre levée qui n'en finit pas de croître.
 
Tu t'y replonges encore et encore, pour renaître double et différente, multiplication joyeuse qui peuple l'univers de sensualités bruissantes.
 
Que la connaissance vous pénètre comme une douceur qui transpire de la terre-mère...
 
Et l'infini de tes envies crée l'ivresse de la vie; tout se heurte, tout se querelle ; le froid suicide le chaud, la sécheresse assassine la pluie et l'éphémère s'immole par le rêve.
 
Chute. Vous gisez au pied du volcan, les paupières grand ouvertes pour Lui, rien que pour Lui.
 
Mais le néant veille. Cris de serpents et guerres élémentaires font lever la colère. Que cesse ce désordre tapageur Que tout soit comme avant, comme avant, comme...
 
C'est votre dernière épreuve, et ce loup bleu connaît trop bien l'ordre du monde. Créateur de dynasties et frère du roi des morts, il peut guider ou fourvoyer.
 
Que le tumulte s'apaise ! Comme avant, comme avant ! Que le rien règne ! Comme avant, comme avant ! Que rien ne dérange l'inexistant ! Comme avant, comme avant !
 
Éblouissez-vous de ses paroles, aveuglez-vous de ses regards, et pour savoir, écoutez...
 
Dans le scandale du Temps, la vie abonde...
 
Et pour savoir, donnez... offrez... abandonnez...
 
Que vienne la Guerre !...
 

Pour que finalement naisse
Celui qui saura vaincre
et ordonner.

Denys EISSART

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